Interview d’Emilien Buffa et Lucas Mège pour la chanson « Á très bientôt »

EMILIEN BUFFA

Emilien Buffa peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis un auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentiste… un artisan de la musique et du son.

Après avoir fait des albums « standards » tu proposes régulièrement des titres « à l’unité » pourquoi ce choix ?

J’ai commencé la musique (il y a plus de 20 ans) avec le format « Album » qui était la référence depuis que le Beatles (je crois) ont inventé ce concept d’unité entre les chansons et dans le son. Il y a une nouvelle tendance depuis quelques années de ne plus attendre d’avoir un nombre suffisant de chansons pour faire un album mais de sortir des chansons sous forme de single régulièrement. Après 4 albums, c’est dans ce concept que je choisi d’évoluer maintenant. Cela permet d’avoir une actualité régulière, une sortie tous les 45 jours environ et surtout de mettre 100% de mon énergie dans un seul titre. Chaque titre est accompagné d’un clip, ce qui permet je trouve de donner une autre dimension à la chanson. Cela permet également d’être en phase avec l’actualité ou le ressenti du moment sans avoir à attendre la venue d’un album…

Tu as sorti un nouveau titre « A très Bientôt » peux tu nous parler de cette chanson ?

C’est une chanson très personnelle en hommage à ma grand-mère Jeanne.

Il y a 7 ans, quand elle est partie, j’ai ressenti un grand vide car elle représentait une époque, une façon de vivre à la ferme et surtout un lien avec le temps d’avant. Un temps où il n’y avait pas d’internet, pas de Smartphones, pas toutes ces problématiques modernes qui complexifient nos existences… (même si il y a du bon dans toutes ces évolutions).

Pourquoi ce thème ?

Le jour de l’enterrement, ma maman avait écrit un texte qui parlait de ma grand-mère (sa mère donc) … de là, je l’ai réécris et adapté pour en faire une chanson. Et puis il y a cette idée que l’on continu à faire vivre les gens disparus dans nos pensées… « à très bientôt dans nos mémoires… ». Nous faisons vivre en nous au moins 3 générations : Nous, nos parents et nos grands-parents… par des attitudes, des regards, une façon de vivre, de parler, de penser…

Le clip à été tourné là où elle a passé toute sa vie et où elle souhaitait finir ses jours. Elle aimait la musique et m’entendre chanter quand j’étais plus jeune, alors je suis heureux de lui faire (de nous faire) ce cadeau.

Tu as décidé de t’entourer de Lucas Mège pour la composition orchestrale et la partie piano de cette chanson, pourquoi ce choix ? (Que nous validons ++++)

Avec Lucas nous cultivons depuis bientôt 10 ans une amitié et cette passion de la musique (et de la bêtise :-). J’ai demandé à Lucas, car c’est un coquin de la musique capable de s’adapter à tous les contextes. De plus, il a repris des études de musique à l’image avec notamment la composition de musique de film. J’avais envie de donner une dimension cinématographique à la chanson. Il a donc réalisé une partie piano et un arrangement pour orchestre qui se met parfaitement au service du texte.

Prépares-tu un nouvel album?

Je ne peux pas le dire comme ça, mais quand j’aurai fait suffisamment de single (une dizaine), cela fera certainement l’objet d’une compilation de tous ces titres et donc d’un album 😉

LUCAS MEGE

Lucas, Emilien Buffa a décidé de faire appel à ton talent pour réaliser l’arrangement de l’orchestre symphonique et la partie piano de cette chanson quelle est ta formation initiale pour pouvoir répondre aussi bien à sa demande?

Je ne sais pas si c’est « si bien que ça », en tout cas je n’ai pas la prétention de le penser. Toujours est-il que je reste quand même satisfait du résultat. Emilien semble ravi aussi, bref tout va bien dans le meilleur des mondes. Je m’impose cette prudence puisque l’exercice pour moi était totalement inédit. Faire un arrangement symphonique sur une chanson française pop, ce n’est pas ce à quoi j’étais habitué jusqu’à présent. Alors pourquoi subitement le symphonique ? … C’est une passion depuis peu !

J’ai découvert l’orchestre symphonique et plus largement la musique dite savante, à travers la musique de film qui, globalement, utilise beaucoup cet outil. A ce propos, John Williams (Star wars, Indiana Jones, Harry Potter, entre autres) vient justement de recevoir une récompense pour avoir, à travers son œuvre pour le cinéma, permis à des milliers de gens de découvrir la musique savante. Donc je n’ai pas fait exception à la règle. Il y a trois ans, je me suis dit : « tu aimes la musique par dessus tout, tu aimes composer, tu aimes le cinéma… Apprend à composer des musiques de film ! » J’ai donc tenté un concours d’entrée pour le DEM de musique à l’image au conservatoire de Valence. Pour la petite histoire, la classe de Valence a été la première à voir le jour en France. Aujourd’hui elle est gérée par l’excellent Nathanäel Bergèse, lui même compositeur pour le cinéma depuis une dizaine d’années. J’apprends donc depuis trois ans maintenant à écrire et arranger pour orchestre. Et ça me passionne !

Comment as-tu appréhendé cette demande?

Je dirais plutôt très simplement. Emilien est un ami proche, nous passons pas mal de temps à travailler ensemble sur des projets très variés, que ce soit pour des sessions studio ou pour de l’arrangement. De temps en temps nous écoutons les compositions de l’un, de l’autre, nous échangeons beaucoup. C’est une chanson qu’il avait dans les cartons depuis quelques temps maintenant, elle était restée inachevée et il n’avait pas encore trouvé l’angle d’attaque pour l’arrangement. Un jour il m’a dit qu’il voyait bien un piano/voix tout simple, il m’a donc proposé de faire l’arrangement. J’ai accepté avec plaisir ! Puis chemin faisant, après discussion et réécoute de la proposition, est venu l’idée de l’orchestre. Le contexte de ma formation, associé à son goût pour la chanson française des années 70 (où l’orchestre est très présent), tout ça nous a poussé à tenter l’expérience ! Et j’étais ravi de pouvoir m’y atteler. Cet arrangement est le premier avec un symphonique, j’espère qu’il ne sera pas le dernier.

Avez-vous travaillé en collaboration ou chacun de votre côté?

En fait, les deux ! Il m’a d’abord joué la chanson, guitare voix. Il m’a fait une note d’intention, en précisant l’atmosphère qu’il attendait pour telle ou telle partie, etc. Puis je suis rentré chez moi et je me suis mis au travail. Une fois satisfait, je lui ai envoyé un premier jet. Nous avons ensuite continué à échanger à distance, le temps de peaufiner quelques détails, pour enfin terminer le travail en studio, de nouveau réunis, pour le mixage de la chanson.

Que penses-tu de cette chanson?

C’est une chanson finalement très personnelle, presque impudique. Mais qui raisonne forcément un peu en chacun de nous. Nous finissons effectivement tous un jour ou l’autre par perdre un être cher. Emilien nous raconte donc, avec toute la sincérité et la simplicité qui le caractérisent, un moment difficile de sa vie. Malgré tout, il le fait avec une certaine note positive. « A très bientôt dans nos mémoires », c’est une phrase que je trouve assez juste. Les gens disparaissent mais ils continuent de vivre à travers les souvenirs, et c’est quelque chose d’important à cultiver je pense. Au final je crois qu’Emilien réussit justement à nous émouvoir, simplement. C’est une jolie chanson.

As-tu réussi à t’imprégner du thème assez « dur » de cette chanson?

Hasard du calendrier (pardonnez l’expression, il faut bien faire un peu d’humour), je venais de perdre ma grand mère lorsque Emilien m’a proposé de travailler sur cette chanson. Autant dire, que j’étais « bien dans l’ambiance ». Malgré tout j’insiste encore. Certes, c’est une chanson difficile par le sujet qu’elle aborde. Mais la manière de le traiter n’est pas si « dure ». Je veux dire par là que le propos n’est pas si dramatique. Emilien ne tombe pas dans l’expression pure et simple de la douleur. Comme je l’expliquais dans la question précédente, il y a pour moi quelque chose d’assez positif et bienveillant. Il s’agit du décès d’une personne âgée, qui s’éteint discrètement sans tumulte. Il n’y a rien d’anormal à ça finalement. La mort reste inacceptable, elle est violente pour ce qu’elle provoque en nous. En revanche toutes les émotions ressenties ne sont pas forcément négatives. Je crois que c’est aussi ce qu’a voulu dire Emilien dans sa chanson. Par conséquent, je trouve que d’un point de vue musical, l’orchestre fait bien la synthèse entre l’émotion et la solennité. Il souligne aussi plutôt bien la force du message par son côté grandiose.

LES QUESTIONS RAPIDES DE CELINE ET CHLOE

Tu rencontres des Martiens….comment décris-tu ta musique ?

Lucas : Finalement assez classique, je ne crois pas être quelqu’un de très novateur. Je n’ai pas la sensation de participer à inventer la musique du future. Quand je compose, j’écris la musique que j’aimerais entendre, cette musique ressemble beaucoup à ce que j’aime. Et ce que j’aime existe déjà ! Par contre je dirais aux Martiens de s’intéresser aux mélodies en général. Une mélodie, c’est surpuissant !

Emilien :Je suis le Joe Dassin des temps moderne ! Une écriture simple et musicale, facile à comprendre et une musique populaire… accessible.

Si tu étais une insulte ?

Lucas: J’adore les insultes !!! Il y a quelque chose de jouissif à hurler une bonne insulte juste comme ça, pour le plaisir. C’est comme un soulagement. Malgré tout, je le fais tout seul pour éviter les représailles ! Je vais juste dire « Putain » parce que je le dis, je le dis et le redis ! Voyez, très classique comme garçon…

Emilien :Nous sommes tous l’insulte de quelqu’un d’autre… (malheureusement)

Si tu étais un accord ?

Lucas : En ce moment je dirais les accords majeurs avec une septième majeur et une quarte augmentée.

Emilien : Le Do 7e majeure

Qu’évoque pour toi « 18 ans » ?

Lucas: C’est le début de la fin. Et la fin du début ! C’est une période hyper charnière je pense. C’est incroyable de pouvoir accéder à une certaine liberté, tout en n’ayant (dans mon cas à l’époque) que très peu de responsabilités. Ce sont les balbutiements d’une vie d’adulte pour un ado pressé de vivre. . . Et pourtant, en ce qui me concerne, je peux vous dire que ça m’a donné le vertige. J’ai trop vite senti que la vie n’allait pas être aussi sympa qu’elle l’était à ce moment là, pour des tas de raisons. Ce n’est pas la période la plus heureuse de ma vie, mais ça reste probablement la plus enrichissante. Et j’en ferais bien une chanson tiens !

Emilien: Musique, amour et passions…

Ton mot ou expression préféré?

Lucas : Musique !!!

Emilien: Ha mais !

LA QUESTION PIEGE DE CELINE ET CHLOE

Vos oreilles suffisent-elles à écouter de la musique ?

Lucas :Elles peuvent suffire c’est vrai. . . tout du moins pour l’entendre et la recevoir. Mais ce n’est pas assez pour la vivre. La musique c’est une expérience sensorielle unique. On peut l’entendre dans sa tête en la lisant sur un bout de papier, on peut ressentir les vibrations de ses fréquences lorsqu’on s’approche d’une enceinte. On peut frissonner, ressentir de la joie, de la tristesse, de la nostalgie. C’est tout simplement l’expression de notre humanité, comme l’amour !

Emilien: Je crois que l’oreille ne permet qu’une écoute mécanique… C’est notre ressenti, notre cœur qui fait le reste. C’est pour cela qu’autant que nous sommes sur terre, chacun entendra techniquement la même chose, mais chacun en fera une écoute différente, à son image, dans sa réalité…

Musikronik

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